Un modèle de management : La champion’s League (Paris/Olympiakos)

Pour tout vous avouer, je ne suis pas un grand fan de football.
Je n’ai même pas vu le récent match dont je vais vous parler, mais un fait marquant de la rencontre (relayé abondamment dans la presse) est, pour moi, un modèle de management.

Résumé de fin de match

En début de seconde période, sur un score de un partout, le défenseur parisien “ Marco Verratti ” est expulsé suite à un deuxième carton jaune.

Paris se retrouve à 10 et doit conserver le score pour atteindre les 8ème de finale de la ligue des champions.

Mais Olympiakos, profitant de sa supériorité numérique, pousse en attaque afin de marquer et se qualifier.

Au bout de quelques minutes, le défenseur parisien “ Thiago Silva ” passe un message au staff : effectuer un changement pour consolider la défense parisienne en souffrance face aux Grecques, au détriment de l’attaque.

Laurent Blanc, l’entraineur du Paris Saint Germain, suit les recommandations de “Thiago Silva” et calque son coaching sur cette demande et sort la star du PSG : l’attaquant « Zlatan Ibrahimovic».

Le PSG l’emportera 2 à 1 et se qualifie pour les 8ème de finale de la ligue des champions.

La tour en sucre

Cet exemple footballistique me rappelle l’expérience de la tour en sucre.

Le but de l’exercice est, en un temps donné, de monter la plus haute tour en déposant des sucres les uns sur les autres.

Le groupe est réparti en plusieurs sous-groupes de trois personnes : un opérateur, un manager et un observateur.

Avec chacun un rôle bien défini :
- L’opérateur construit la tour, yeux bandés,
- Le manager, assis en face, guide la main de l’opérateur,
- L’observateur, quant à lui, note la manière de faire du groupe.

Que remarque t-on à la fin de l’exercice ?
Les groupes, dont les managers suivent les recommandations des opérateurs, réalisent les plus hautes tours.

En effet, seul l’opérateur est capable de « ressentir » la tour.

A chaque dépose de sucre, on sent si la tour est stable ou non.

Or, le manager ne peut ressentir l’équilibre de la tour et peut être tenté de forcer l’opérateur à déposer plus de sucres… au risque de faire écrouler l’ouvrage.

Tout comme avec la tour, l’entraineur du PSG ne pouvait ressentir la pression que subissait sa défense.

Bien sur, et malgré son expérience de défenseur (son poste lorsqu’il était joueur), il l’observait.
Mais était il capable à ce moment là de connaître le point de rupture de son équipe?

Les joueurs, et plus particulièrement la défense, ont senti qu’ils allaient craquer sous peu… d’où la demande.

Pourquoi un modèle de management?

Le terme anglophone « manager/management » est à l’origine un mot français (ménager).
Employé dans les haras, il signifiait : conduire les chevaux.

Si on conduit les chevaux, il n’en est pas de même avec les gens.

On ne « manage » pas une personne ; un professionnel connaît son travail et comment le réaliser.
On « manage » des situations, des objectifs, des problèmes, des conflits, des demandes, etc. etc.

Laurent Blanc, entraineur du PSG, ne s’est pas enfermé dans un rôle de conducteur de chevaux.
Il a tenu compte du ressenti de son équipe, des professionnels expérimentés aux premières loges d’une situation difficile, et a « managé » cette situation en conséquence.

Imaginons la situation inverse : l’entraineur reste sur ses positions, n’effectue pas le changement demandé, l’équipe prend un but et ne se qualifie pas.
Comment, suite à cela, garder sa légitimité de « manager », faire accepter son projet à l’équipe et ne pas être défié par celle-ci?

Malgré certains commentaires journalistiques peu pertinents: « à quoi sert l’entraineur si ce sont les joueurs qui décident du coaching ?»…

N’a t on pas à faire à un modèle de management ?